Enfantillages
Les saisons coulent avec mes rides
Elles dessinent de vilains fils d’argent
Parsemés dans la touffe à David
Qui pose un pied dans la cour des grands
Phalange encerclée de platine
Pour tenter d’être plus fort et brillant
Funambule sur une corde fine
A tout prix regarder droit devant
J’ai passé l’âge
Délirant des plaisirs sans limite
Et je m’applique
A pousser loin des enfantillages
Désormais tous les deux soudés
L’hiver n’aura plus jamais le temps
Sur mon corps courbé de s’accrocher
Comme il prenait plaisir tous les ans
J’enfouis le passé sous les feuilles
Et saute avec toi pieds joints dans le tas
Pour rebondir comme deux écureuils
Qui s’envoleraient par dessus les toits
J’ai passé l’âge
Délirant des plaisirs sans limite
Et je m’applique
A pousser loin des enfantillages
Mes souvenirs dansent avec les rires
Des enfants des années quatre-vingts
Il ne nous reste qu’à reproduire
Le temps béni vécu des gamins
Et nous verrons dans leurs tout petits yeux
Nos quenottes, menottes, petits petons
Grandir jusqu’à devenir trop vieux
S’enfuir sans raison mais pour de bon
J’ai passé l’âge
Délirant des plaisirs sans limite
Et je m’applique
A pousser loin des enfantillages
English translation by Jacob Dee https://www.youtube.com/channel/UCNDC8oWTwdpzGRDtMJp2Smg )
Childishness
Good seasons must flow unabated
Fashioning evil, silver sons
Growing wild among the locks of David
Who’s making his move to the stage beyond
Fortified finger with platinum shielding
Makes me stronger, better, and more brilliant
Tightrope walking with occasional lightning
Best, they say, to keep your eyes up front
I’m too old for this
Luxuriant pleasure without limits
And I’ll commit
To push away all that’s childishness
Now that we’ve been materially bonded
Winter won’t be my last resort
To shake it, break it, and be generally sordid
Like pleasure could last forevermore.
Buried my past ‘neath some flaming leaves
And pounced with both feet into the pile
They ricocheted like two squirrels on speed
and tossed my loafers for over a mile
I’m too old for this
Delirious party without limits
I’ll wreck myself
To push away all that’s childishness
I remember laughing and dancing
With children of up to eighty years
Echoes that replicate a new beginning
To that blessed time of smiles and tears
Wide eyes stare up at nothing but grown up
We see our milk teeth, little feet, binky boo
Let it be that we’ve lived enough
To fly away with a good question or two
Too old for this (but not by much)
Deliriously living without limits
And I’ll commit
A push away from more childish
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Folle
Après 30 ans de quotidien
A chanter l’éternel refrain
De la couette à la salle de bains
Du café jusqu’à la bagnole
Deux fois par jour le même chemin
Depuis 7200 matins
Les yeux fermés, voire sans les mains
Elle pourrait conduire sa bagnole
Pour naviguer jusqu’au turbin
Et même si tout ça n’sert à rien
Tout recommencer dès demain
De la téloche à la bagnole
Se lever tôt
Lever tôt
Aujourd’hui chaque fois qu’elle se plaint
C’est pas d’elle mais pour son gamin
Qui lui fredonne le même refrain
Lui non plus n’aime pas trop l’école
Il est pourtant plutôt malin
En tous cas plus que les crétins
Qu’il a désigné pour copains
Qui salissent les murs de l’école
Impuissante elle ne dit plus rien
Ferme les yeux sur son chagrin
Eteint la télé car demain
Faudra comme au temps de l’école
Se lever tôt
Lever tôt
Et sa planète tourne sans fin
Accélère au son des humains
Pour s’alourdir comme ses deux seins
Et c’est aujourd’hui qu’elle est folle
Elle a crayonné son destin
Sans avis d’un foutu médecin
Elle choisit un pays lointain
Peuplé de jobards et de folles
Sur le ciel s’allonger enfin
Penser à sa vie mais de loin
Au creux d’un rêve elle sera bien
Heureuse à tout jamais mais folle
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Oui mais
J’ai lu je crois dans un bouquin
Qu’il faut aimer son prochain
Oui mais j’n’y peux rien si les prochains sont des crétins
Et tous les suivants des têtes de cons
J’ai vu l’autre fois dans la télé
Que les pingouins vont dégeler
Oui mais moi j’aime bien m’enfoncer dans un brûlant bain
En ne m’occupant que de mon fion
Voilà ma loi
Je n’en changerai pas crois moi
J’ai beau chercher Allah Bouddha Jésus Judas
Tous avec moi
Ensemble on accomplira
L’œuvre de toute ma vie selon mes choix pour moi
J’ai bien envie de donner ma vie
A tous les pauvres démunis
Oui mais pas maintenant j’ai encore des trucs à finir
Revenez demain ou dans quarante ans
J’ai bien saisi le sens profond de la vie
Je vais m’en soucier c’est promis
Oui mais tu comprends j’ai pas le temps tout de suite aujourd’hui
Va prévenir la misère qu’elle m’attende
Voilà ma loi
Je n’en changerai pas crois moi
J’ai beau chercher Allah Bouddha Jésus Judas
Tous avec moi
Ensemble on accomplira
L’œuvre de toute ma vie selon mes choix pour moi
Je sais qu’il faut tendre l’autre joue
A celui qui t’a trainé dans la boue
Oui mais qu’est-ce qu’on fait si j’ai frappé le premier coup
Tu vois bien que ta règle est trop con
J’ai tout compris merci beaucoup
Mais je resterai loup-garou
Parce que c’est ainsi parce que je t’emmerde et puis c’est tout
Profiter c’est toute ma religion
Voilà ma loi
Je n’en changerai pas crois moi
J’ai beau chercher Allah Bouddha Jésus Judas
Tous avec moi
Ensemble on accomplira
L’œuvre de toute ma vie selon mes choix pour moi
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Il faut partir
Quand tu penses à ton enfance
Aux belles journées perdues devant la télé
Ton gros cul mou vautré dans le canapé
Dis-toi qu’il reste un espoir
Un grain de plaisir qu’il reste à découvrir
Il faut partir
Il faut partir
Si tu penses à tes vieux jours
Avec les petits goûters « Julien Lepers »
Et deux escarres à la place des carresses
Dis-toi qu’il reste un espoir
Un grain de plaisir qu’il reste à découvrir
Il faut partir
Il faut partir
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Imbécile heureux
Il n’était pas si difficile
De poser le dernier volume
Tout en haut de la pile
Lourde comme une plume
Danse dans ma tête ou devant mes yeux
Devant moi ; moi je reste là
Imbécile heureux
Il a suffi d’un seul regard
Ou d’un sourire, je ne sais plus
Je t’aime sur le quai d’une gare
La vie comme nous l’avions voulue
Danse dans ma tête ou devant mes yeux
Devant moi ; moi je reste là
Imbécile heureux
Où habitais-je avant ta peau
Avant l’oreiller d’une épaule
Au creux de laquelle je m’endors
A l’ombre d’un pin parasol
Danse dans ma tête ou devant mes yeux
Devant moi ; moi je reste là
Imbécile heureux
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Le fauteuil à bascule
Les jambes allongées
Croisées sur l’horizon
Un verre de sangria
Posé sur la mer au loin
Sous les croissants chauds
Une table en fer blanc
Pas le moindre souci
Encore une fois tout va bien
Et maintenant qu’est-ce qu’on fait ?
Tout est là : le bonheur à nos pieds
Tous nos rêves sont engloutis
Par un paisible ennui
Comme par hasard
Il fait beau sur la terrasse
Les enfants si polis
Gentils jouent calmement
Je sens ralentir
Le merveilleux temps qui passe
Le décor de nos vies
N’est qu’un enchantement
Et maintenant qu’est-ce qu’on fait ?
Tout est là : le bonheur à nos pieds
Tous nos rêves sont engloutis
Par un paisible ennui
Le tour du Monde
M’a gavé des voyages
Les cigares, les pinards
Ont tous la même odeur
J’ai tout fait, j’ai tout vu
Mais je n’ai pas encore l’âge
Du fauteuil à bascule
La soupe à dix-huit heures
Et maintenant qu’est-ce qu’on fait ?
Tout est là : le bonheur à nos pieds
Tous nos rêves sont engloutis
Par un paisible ennui
ENGLISH TRANSLATION :
(by Jacob Dee https://www.youtube.com/channel/UCNDC8oWTwdpzGRDtMJp2Smg )
The rocking chair
Folded legs aloft
Crossing through the horizon
A splash of sangria
Balanced on the sea beyond
Croissants warm with love
Hide a table in white stone
I’ve not the least concern
And again the world goes on
All our hopes, all our fates
In the right-now of the ideal day
All our dreams at our feet (swallowed in)
A peaceable ennui
Come through the door
On the terrace sure looks fine
The children so polite
Playing in amazement
I am in the slowness
of wondrous passing time
The decor of our lives
Is it but enchantement?
All our hopes, all our fates
In the right-now of the ideal day
All our dreams at our feet (swallowed in)
A peaceable ennui
Touring through the world
I consumed the pleasure cruise
Partagas & cheap wines
Now all have the same odor
I’ve been there, done it twice
But I cannot ever choose
To ride the rocking chair
With soup served up at four
All our hopes, all our fates
In the right-now of the ideal day
All our dreams at our feet (swallowed in)
A peaceable ennui
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Seuls au Monde
De toutes les couleurs pour tous les goûts, pour tous les dieux
Mille peuples de malheur bien orgueilleux
Vos patries dérisoires mesurent leurs bites, leurs traditions
Pour briller dans l’Histoire jusqu’à la déraison
Merveilleux bac à sable pour divertir les rois des cons
Les gentils, les vilains médaillés d’or de suffisance
Se partagent la victoire et l’arrogance
Puisque les chiens fidèles remuent la queue pour une femelle
Sensuelle et sexy, virtuelle mais tant-pis
On préfère le plastique à la réalité merdique
Alors je bâtis une muraille, une forteresse imperméable
Tout autour de nos jambes pour finir enfin seuls au Monde
Corps unis dans la pierre, protégés du vent et des guerres
Enterrés dans le silence, heureux dans l’ignorance
Il y a deux places dans ma tour et l’éternité pour l’amour
Quels sont ces tas de pierres pointés vers les anges oubliés
Plantés dans la misère civilisée ?
Souvenirs d’un enfer qui vient à peine de commencer
Où sont passées nos plumes, nous ne savons pas voler
Notre âme est une enclume et le sol se vide à nos pieds
Et nous aurons enfin la mort infinie pour souder
Nos os glacés pour l’éternité
Après ça, la Terre pourra bien se désintégrer
Puisque nous serons déjà tous les deux crucifiés
Toi ma croix, vice versa, unis paisibles, on partira
Et pendant qu’ils s’en vont le cœur en fleur piller la Terre
Nous sécherons leurs pleurs après la guerre
Puis nous partirons le cœur en joie sous la poussière
Crever pour de bon, gravés dans la pierre
« Ci-gît les amoureux plus heureux de tous l’Univers »
Alors je bâtis une muraille, une forteresse imperméable
Tout autour de nos jambes pour finir enfin seuls au Monde
Corps unis dans la pierre, protégés du vent et des guerres
Enterrés dans le silence, heureux dans l’ignorance
Il y a deux places dans ma tour et l’éternité pour l’amour